Grippe aviaire en Loire-Atlantique : entre action et observation
Suite à la découverte d’une oie bernache ce weekend sur le littoral de Pornichet, les éleveurs amateurs et surtout les professionnels font leur possible pour mettre leur volaille à l’abri. Les oiseaux migrateurs séjournant dans notre région sont parfois porteur du virus Influenza, la grippe aviaire.
Influenza, le virus de la grippe aviaire a fait son apparition tout d’abord à l’automne en Europe du Nord. Puis, deux cas sont apparus en France, dans des animaleries des Yvelines et de Haute Corse. Une fois identifiée la chaine d’approvisionnement de ces animaleries, des mesures ont été prises, les oiseaux de ces points de vente ont été euthanasiés.
Le virus de la grippe aviaire est un virus extrêmement contagieux, soit dans les élevages domestiques, soit parmi la faune sauvage. Mais il n’est pas à ce jour transmissible à l’homme. Néanmoins, la réaction doit donc être rapide et adaptée.
L’action
Les services de l’Etat sont mobilisés autour de ce risque sanitaire, tant par la préfecture qui diffuse des messages d’alertes et d’information que par les services vétérinaires, publics ou privés, et l’Office Français de la Biodiversité.
Les vétérinaires inspectent les installations et conseillent les professionnels de l’aviculture ainsi que les particuliers amateurs d’oiseaux ou propriétaires d’une basse-cour, fut elle modeste.
Les agents de l’OFB se déplacent suite à des signalements émanant de promeneurs, de chasseurs, de personnels municipaux, d’agriculteurs…etc.
Contacté par téléphone, l’office a réitéré ses recommandations : en cas de découverte d’un oiseau mort, ou mal en point ( ne vole plus, semble diminué), il faut le signaler. S’il est mort, le mettre dans un sac individuel et dans une pièce à part. Un technicien se déplacera et emmènera l’oiseau pour examen des causes de la mort.
Office Français de la Biodiversité : sd44@ofb.gouv.fr pour la Loire-Atlantique, téléphone : 02 51 25 07 87
Quelques signalements en cours d’étude
Tout récemment, un cormoran a été retrouvé mort plage du Nau au Pouliguen, une mouette a été signalée par la mairie de Saint-Nazaire, et à Guérande, c’est un petit rapace qui a été retrouvé mort. Il s’agit maintenant de déterminer l’origine du décès : choc avec une voiture, épuisement, malnutrition, ou virus.
Pour les passereaux, il est nécessaire qu’au moins trois individus soient retrouvés dans un périmètre de 500m durant la même semaine pour qu’il y ait étude sur la mortalité de ces oiseaux.
L’Observation
La préfecture de Loire-Atlantique a incité à la plus grande prudence Pornichet, la Baule et Saint-Nazaire ainsi que les professionnels et particuliers de ces communes possédant des oiseaux domestiques ou d’élevage.
Ils sont nombreux à scruter le ciel, à essayer de voir si des oiseaux sauvages passent au dessus de leur poulailler ou de leur exploitation avicole. Ainsi, la Socali, groupement paysan de producteurs proposant des plantes mais aussi des oiseaux d’agrément a enfermé toutes ses poules et coqs dans les poulaillers.
C’est aussi le cas de Matthieu Brosseau qui, à Mesquer, élève seul des volailles destinées à la consommation et qu’il vend en circuit court sur la presqu’ile de Guérande.
Contacté par téléphone, il nous explique comment il a déjà dû organiser son exploitation depuis les récents cas de grippe aviaire en 2016/2017.
Comment? En prenant des mesures de bio-sécurité sur la base des conseils de son vétérinaire référent. Cela concerne la circulation humaine et animale dans l’exploitation, notamment, afin d’éviter tout croisement inutile.
Son plan bio-sécurité, validé en 2018, lui a coûté 2000 euros et il est remis chaque année en cause et validé par un vétérinaire agréé. Pas une mince affaire pour une entreprise individuelle.
En ce moment, l’éleveur a des grosses journées de travail pour préparer les fêtes, mais il reconnait que ces risques d’Influenza venus du ciel avec les oiseaux sauvages, le préoccupent assez.
Plus de déplacements, plus de risques
Pour Matthieu Brosseau qui pratique le circuit court tout au long de l’année (abattage sur Plessé et vente sur la presqu’ile de Guérande), les risques concernent plus les voyages de canards destinés à produire du foie gras : des milliers de ces animaux vont quitter leur région de naissance pour terminer leur vie dans leur région de gavage. Différents camions vont converger d’ici les fêtes de fin d’année vers la destination finale de ces oies et canards. Un seul animal, s’il est porteur du virus Influenza, peut alors faire rapidement des dégâts et les mesures sanitaires devenir drastiques pour enrayer la maladie : c’est l’abattage en masse, comme cela s’est passé ces dernières années.
L’élevage de masse ou élevage intensif est donc exposé en premier lieu, mais les petites exploitations se savent à la merci des oiseaux migrateurs, alors elles prennent leurs mesures sanitaires afin de pouvoir bien travailler et proposer une viande de qualité pour les fêtes. Des fêtes déjà impactées par la Covid19.
Toutes ces mesures prises face au risque de grippe aviaire permettent, pour l’instant, à la France de garder son statut »Libre d’Influenza ». Cela lui permet de protéger sa population de consommateurs, mais aussi de protéger son économie. La France exporte une partie de sa production avicole à la seule condition de garder ce statut sanitaire.
En retour, la France importe la moitié des poulets consommés dans l’hexagone, notamment dans les produits transformés. Produits dans des pays très concurrentiels et pas toujours scrupuleux des mêmes règles sanitaires. Un va et vient de bêtes à plumes pas forcément idéal et qui peut être stoppé à tout moment par un virus nommé Influenza.